Le Concours international du Printemps de Prague
par Gabriel Pidoux, lauréat du Deuxième Prix ex-aequo
Quand l'AFH m'a demandé de raconter en quelques lignes le concours du printemps de Prague je me suis tout de suite remémoré une interview de Philippe Tondre que j'avais lu dans la Lettre du Hautboïste après le concours de l'ARD de Munich en 2011. J'avais 15 ans à l'époque et je me souviens encore de l'envie que cet article m'avait donnée.
Alors en écrivant ces quelques lignes j'espère te donner à toi, "jeune hautboïste", l'envie et la motivation à t'inscrire et à aller passer ces concours internationaux.
La première étape, généralement une présélection vidéo, est la plus sélective. Pour ma part je fais maintenant systématiquement appel aux élèves ingénieur.e.s son du CNSMDP où j'ai la chance d'étudier, ils disposent d'un matériel d'enregistrement de qualité professionnelle et mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. Bien des surprises arrivent chaque fois à ces présélections...
Pour le concours du printemps de Prague il fallait enregistrer le premier mouvement du Concerto de Mozart et les deux premiers mouvements de la Sonate de Dutilleux.
Puis l'attente est longue, quelques mois, et c'est généralement quand on a oublié que l'on attendait un résultat qu'un petit mail de l'administration du concours arrive.
Ensuite c'est parti ! On fait ce qu'un étudiant en musique fait de mieux, on déchiffre, on bosse, on prend cours sur toutes les pièces du programme. C'est la partie la plus enrichissante du concours. Un jour ma première professeure de hautbois Hélène Devilleneuve m'a dit "profite de n'avoir rien d'autre à faire de tes journées que du hautbois" et c'est vrai que c'est un privilège propre à l'étudiant : avoir le temps de travailler.
Prague était un concours en 3 tours,
au premier tour le programme était les 3 Romances de Robert Schumann (à jouer par coeur) et la Sonate de Vivaldi. De 46 candidats à 12 pour le tour suivant, mieux vaut croiser les doigts (mais pas en jouant bien sûr)
Le deuxième tour était long... 50 minutes de programme avec le 11ème Concert Royal de Couperin, l'éprouvante, imposante mais magnifique Suite de Slavicky et une création de Martin Hybler Sound Telescope. Cette dernière comportait une cadence improvisée qui à libéré notablement la créativité d'Augustin Gorisse qui nous a offert une performance acrobatique. (La vidéo est toujours disponible sur Youtube, pour les curieux)
L'annonce des résultats du deuxième tour était prévue à 22h30, annoncée à 00h. Cette attente reste de loin le moment le plus intense du concours.
J'ai eu la chance de passer en finale. Mes émotions alors étaient contradictoires : Très heureux certes mais je me suis immédiatement senti porter une lourde responsabilité. 48 hautboïstes au premier tour, seulement 4 en finale. Tous ont travaillé aussi dur et voulaient autant cette finale. Bien jouer est obligatoire par respect pour tous les candidats !
Mais finalement il faut se rappeler de l'essentiel, même si il y a de l'enjeu et de la pression, le tout n'est qu'un jeu, le but du concours est de travailler le programme imposé. Une finale et un prix ne sont qu'une cerise sur un gâteau déjà délicieux !
En finale nous jouions le Concerto de Vaughan Williams sans chef (exercice assez inconfortable à cause de toutes les cadences assez libres et des changements de tempos) et le Concerto de Martinu (naturellement, en République Tchèque !)
Gabriel Pidoux accompagné par l’orchestre lors de la finale
Aujourd'hui je serais bien incapable de décrire mon état à ce moment. Excitation, fatigue, stress... je peux simplement dire : mieux vaut être prêt ! Ne jamais s'inscrire à un concours sans s'imaginer jouer la finale, on ne sait jamais...!
Je souhaite écrire un grand bravo à Martin Danek qui a eu le premier prix et a Seongyoung Yun, qui est aussi dans la classe au CNSMDP et avec qui on partage joyeusement le deuxième prix !
Et un grand merci à tous mes professeurs, pour tout !
Je me souviens de mon premier concours : au congrès de l'AFH en 2014 à Clermont-Ferrand.
Ces concours existent pour nous, jeunes musiciens. Profitons-en ! Et les rencontres et les progrès que l'on y fait peuvent être les seules motivations.
Ah, et au fait, je n'ai pas parlé d'anches, ce n'est pas un oubli ! J'ai joué la même tout au long du concours sans me poser de questions et tout s'est bien passé, je commence a leur faire confiance... aimons nos anches !!
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