Concours International du Printemps de Prague – édition 2019
Augustin Javel
Magnifique finale de hautbois que celle de la 71e édition du concours international du Printemps de Prague en République Tchèque. Ce concours prestigieux qui existe depuis 1947 a récompensé des musiciens tels que Mstislav Rostropovich, James Galway ou…Maurice Bourgue en 1968 ! Il rassemble des jeunes instrumentistes venus du monde entier (la limite d’âge est de 30 ans). Le concours de Prague choisit différents instruments chaque année, et l’édition 2019 était consacrée au hautbois et à la flûte.
Le Rudolfinum
Ainsi, 46 hautboïstes (dont les français Victor Grindel, Augustin Gorisse, Ilyes Boufadden-Adloff, Armand Djikoloum, Émilien Lefevre, Gabriel Pidoux et Yann-Joseph Thenet) et principalement issus des conservatoires supérieurs nationaux, se sont présentés à Prague au début du concours qui prévoit trois tours. Le jury, composé des hautboïstes Olivier Doise, Jean-Louis Capezzali ou bien Jeffrey Rathbun et présidé par le cor anglais solo du Philharmonique de Berlin Dominik Wollenweber, a eu la lourde tâche de présélectionner les candidats. En effet, 190 hautboïstes ont envoyé une candidature et le jury en a retenu 46. La sélection s’est faite au moyen d’un enregistrement effectué par leurs soins et entendu anonymement. Les heureux élus ont dû par la suite tenter de convaincre et montrer leurs qualités instrumentales et musicales pour pouvoir espérer accéder à la finale. Après la Sonate en Do mineur de Vivaldi et les Trois romances op.94 de Schumann au premier tour puis le Concerto pour hautbois et clavecin n 11 de Couperin, la Suite pour hautbois et piano de Slavicky et une création contemporaine de Martin Hybler au deuxième tour, le jury a décidé d’en sélectionner quatre pour la finale. Le programme de celle-ci imposait aux candidats deux concertos fameux du répertoire : le concerto de Vaughan Williams et celui de Martinu. Les finalistes se sont produits dans le magnifique Dvorak Hall (Rudolfinum) de Prague et ont été accompagnés par le Prague Chamber Orchestra, sans chef pour le Vaughan William (difficulté supplémentaire !) et avec Ondrej Vrabec à la baguette pour le concerto de Martinu…mais par coeur ! Le jury, installé dans la salle, prend note, avec ou sans partition, communique avec des regards approbateurs ou hésitants, évalue, certains ne pouvant s’empêcher de diriger depuis leur place… Les candidats défilent sur la scène de la prestigieuse salle, devant un public malheureusement peu nombreux mais attentif. Le hautbois français est plus que bien représenté puisque deux des finalistes, le français Gabriel Pidoux, et le coréen Yun Seongyoung sont issus du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Après une finale très serrée, et des hautboïstes tous aussi exceptionnels les uns que les autres de par leurs qualités techniques époustouflantes et leur musicalité inspirée, le jury annonce les résultats. Si c’est le Tchèque Danek Martin qui rafle le premier prix ainsi que le prix de la fondation Martinu, le jury ne réussit pas à départager les deux hautboïstes du CNSMdP qui arrivent deuxième ex-aequo. Une mention honorable est adressée au japonais Shota Takahashi, et sa compatriote Yumiko Hirayama remporte le prix de la Fondation Tchèque pour la Musique. Une fois la pression retombée, le champagne coule pour fêter la fin de ce concours exceptionnel…
En effet, celui-ci restera dans les annales. Il témoigne ainsi de la grande vitalité et qualité qui anime aujourd’hui le monde du hautbois, et assure que la relève est bel et bien prête, promettant un bel avenir au hautbois français et mondial.
Les lauréats : Gabriel Pidoux, Deuxième prix ex-aequo – Martin Danek
Premier Prix – Seongyoung Yun, Deuxième prix ex-aequo
Lauréats et membres du jury réunis pour la photo.
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